Peut-on être heureux dans les moments difficiles ?

N’est-il pas déplacé de se soucier de son propre bonheur en période de crises ?

Prendre soin de son bonheur est essentiel, car être malheureux ne profite à personne, ni aux habitants d’Ukraine, du Proche-Orient ou du Congo. Renoncer au bonheur ne rend service à personne, y compris à ceux qui nous entourent.

Comment puis-je me permettre d’être heureux alors que d’autres souffrent ?

Il faut distinguer un bonheur superficiel d’un bien-être profond et intérieur. Les études montrent que les gens sont plus heureux lorsqu’ils veillent aussi au bien-être des autres. Offrir son attention et sa présence à quelqu’un qui en a besoin crée un cercle vertueux où chacun se sent mieux.

Nous vivons ici, en Suisse, dans un « monde idéal », n’améliore pas la situation dans les régions en crise...

Nous ne pouvons pas agir directement sur toutes les crises mondiales. Mais nous ne savons jamais jusqu’où les « vagues d'amour » peuvent arriver. Si je me laisse envahir par le désespoir, je perds de vue les personnes qui m’entourent. En revanche, si je fais ma part, aussi petite soit-elle, si je prends au sérieux la pièce du puzzle que moi seule je peux apporter, je peux avoir un impact positif sur mon environnement et au-delà. En tant que chrétienne, la prière est également importante pour moi, car elle me permet d’être proche des gens, là où je ne peux pas agir concrètement.

Concrètement, qu’est-ce qui favorise – ou entrave – le bonheur intérieur ?

L’un des plus grands « tueurs de bonheur » est la comparaison aux autres. Il y aura toujours quelqu’un de plus beau, plus performant ou plus intelligent. La recherche sur le bonheur montre que celui-ci se nourrit de liens sociaux, d’engagements, d’activités épanouissantes et de valeurs morales. Par exemple, la règle d'or : traiter les autres comme on aimerait être traité soi-même.

Que faire face aux difficultés ?

En cas de problèmes, de défis personnels et de situations douloureuses, commencer par accepter la réalité est une première étape. Même si la situation mondiale est difficile : j’accepte que c’est ainsi et que je ne peux pas y faire grand chose. Mais ensuite, il est important de ne pas en rester là : il s’agit d’agir à notre échelle. Quelles possibilités d’actions concrètes s’ouvrent à moi ? Qu’est-ce qui peut me faire du bien ? Comment cultiver un état d’esprit qui me libère des blocages ? Dans les relations, apprendre à pardonner est souvent une clé essentielle.

Certaines personnes sont-elles naturellement plus heureuses que d’autres ?

Des études ont montré que notre bonheur dépend à 50% de nos gènes. En comparaison, les circonstances dans lesquelles nous vivons ne comptent que pour 10%. Les 40% restants sont entre nos mains – à condition évidemment d’avoir nos besoins fondamentaux couverts et de ne pas vivre dans une zone de guerre.

Le bonheur dépend donc en grande partie de notre état d’esprit ?

Dire qu’il suffit de « penser positivement » peut sembler simpliste. En réalité, cultiver un regard reconnaissant sur la vie et apprendre à gérer les échecs de manière constructive est un véritable travail intérieur. Il s'agit également d'apprendre à gérer de manière constructive les expériences d'échec. Le pardon, envers soi et envers les autres, est l’un des piliers essentiels du bien-être.

Susanne Ganarin, enseignante et germaniste, a consacré six mois à l’étude du bonheur. Mère de cinq enfants et récemment grand-mère, elle est engagée dans l’équipe de direction du Mouvement des Focolari dans la région Zurich-Nord-Est, ainsi que dans l’association d’utilité publique du Mouvement des Focolari Suisse et dans sa paroisse à Wohlen (Argovie).