« Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense »
L’évangéliste Matthieu est un scribe chrétien très instruit. Il connaît parfaitement les promesses du Dieu d’Israël dont les paroles et les actes de Jésus sont l’accomplissement. C’est pourquoi, dans son Évangile, il en présente l’enseignement sous la forme de cinq grands discours, comme un nouveau Moïse.
Cette Parole de vie conclut le « discours missionnaire », qui commence par l’élection des douze apôtres et indique les exigences de la prédication. Les incompréhensions et les persécutions que les apôtres rencontreront exigent un témoignage crédible, y compris à travers des choix radicaux.
Cependant il y a davantage : Jésus révèle que l’envoi des disciples a sa racine dans la mission qu’il a lui-même reçue du Père. Cette conviction figurait déjà dans l’Ancien Testament : dans le messager de Dieu, c’est Dieu lui-même qui se rend présent, qui s’engage. C’est donc l’amour même de Dieu qui, par le témoignage de Jésus et de ses messagers, atteint chaque personne.
« Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense »
Jésus annonce que tout chrétien peut être son disciple, à la fois destinataire et porteur de la mission. En tant que disciples, même petits, apparemment dépourvus de qualités ou de titres particuliers, chacun peut témoigner de la proximité de Dieu. C’est toute la communauté chrétienne qui est envoyée à l’humanité par le Père de tous.
Nous avons tous reçu l’attention, le soin, le pardon et la confiance de Dieu à travers nos frères. Nous pouvons tous donner quelque chose aux autres, afin qu’ils puissent, comme Jésus, expérimenter, accueillir la tendresse du Père. En Dieu, ces « petites choses » peuvent changer le monde.
Chiara Lubich disait (1) : « Que nous ayons beaucoup ou peu à donner, peu importe. Seule compte la manière de donner, l’amour mis dans un simple geste d’attention envers l’autre, même un simple verre d’eau fraîche, geste à la fois simple et grand aux yeux de Dieu s’il est accompli en son nom, c’est-à-dire par amour. La Parole de vie de ce mois nous aidera à redécouvrir la valeur de chacune de nos actions : qu’il s’agisse du travail chez soi, aux champs ou à l’usine, au bureau, ou des devoirs de classe, et jusqu’aux plus hautes responsabilités civiles, politiques ou religieuses. Tout peut être transformé en service attentif et dévoué. L’amour nous donnera des yeux neufs pour deviner les besoins des autres et y répondre avec imagination et générosité. Quel en sera le fruit ? Les dons circuleront, parce que l’amour appelle l’amour. La joie se multipliera car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (2)”. »
« Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense »
Ce que Jésus nous demande est très exigeant. Il nous demande d’aller vers chaque homme et chaque femme, avec un cœur ouvert, prêt à servir concrètement en dépassant nos jugements.
Il désire notre collaboration active, créative et responsable pour le bien commun, en commençant par les détails du quotidien, mais en même temps il nous en récompensera : il sera toujours à nos côtés, pour prendre soin de nous et nous accompagner dans notre mission.
« J’ai quitté mon emploi aux Philippines et je suis allé en Australie pour être avec ma famille. J’ai trouvé un emploi sur un chantier de construction comme agent de nettoyage des salles à manger, des vestiaires, des bureaux et de la cantine utilisés par plus de 500 ouvriers. Un travail complètement différent de celui que j’avais auparavant en tant qu’ingénieur. Par amour pour les autres, je m’assure que les salles à manger sont toujours propres et bien rangées. Cependant, il y a des gens qui ne se soucient pas de la propreté. Je ne perds pas patience, car pour moi c’est une occasion d’aimer Jésus dans chaque personne que je rencontre. Petit à petit, ces personnes ont commencé à nettoyer après le déjeuner et, au fil du temps, nous sommes devenus amis et j’ai gagné leur confiance et leur respect. Ainsi j’ai fait l’expérience que l’amour est contagieux et que tout ce qui est fait par amour reste. (3) »
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(1) Chiara Lubich, Parole de vie, octobre 2006.
(2) Ac 20,35.
(3) D’après Famiglie in azione - Un mosaico di vita, éd. S. Pellegrini, G. Salerno, M. Caporali, Città Nuova 2022, p. 55.