Parole de Vie - juin 2018

« Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu »

L’évangile de Matthieu commence le récit de la prédication de Jésus par l’annonce surprenante des Béatitudes. Jésus y proclame pleinement heureux tous ceux qui, aux yeux du monde, sont considérés perdants et malheureux.

Dieu leur fait une grande promesse : c’est lui-même qui les rassasiera et les consolera, ils seront les héritiers de son royaume.

C’est donc une véritable révolution culturelle, qui bouleverse notre façon de voir, où ces catégories de personnes sont marginales et sans intérêt dans la lutte pour pouvoir et le succès.

« Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu »

Dans la Bible, la paix est le fruit du salut que Dieu opère. Elle est avant tout le don de Dieu, une caractéristique de Dieu, qui aime l’humanité et la création avec un cœur de Père, dans un projet de concorde et d’harmonie pour tous. Pour cette raison, ceux qui se prodiguent pour la paix ont une certaine « ressemblance » avec lui, comme un enfant avec ses parents.

Chiara Lubich écrit : « Pour porter la paix, il faut la posséder en soi. Il faut être porteur de paix avant tout à travers son comportement personnel de chaque instant, en vivant en accord avec Dieu et sa volonté. […]. “Ils seront appelés fils de Dieu”. Recevoir un nom signifie devenir ce que ce nom exprime. Paul appelait Dieu “le Dieu de la paix” et, quand il saluait les chrétiens, il leur disait : “Le Dieu de la paix soit avec vous tous”. Ceux qui font œuvre de paix manifestent leur parenté avec Dieu, ils agissent en enfants de Dieu et témoignent que Dieu […] a imprimé dans la société humaine l’ordre qui a pour fruit la paix (1). »

Vivre en paix ne signifie pas seulement absence de conflit. Ce n’est pas non plus vivre tranquille, en choisissant le compromis sur les valeurs, afin d’être toujours acceptés. C’est, au contraire, un style de vie évangélique, qui demande du courage pour faire des choix à contre-courant.

Faire œuvre de paix, c’est surtout créer des occasions de réconciliation dans sa vie et dans celle des autres : avec Dieu, puis avec ceux qui nous sont proches, en famille, au travail, à l’école, dans les associations, dans les relations sociales et internationales. C’est donc une forme d’amour pour le prochain, une œuvre de miséricorde qui assainit toutes les relations.

C’est ce que Jorge, adolescent vénézuélien, a décidé de faire dans son école : « Un jour, à la fin des cours, je me suis aperçu que mes copains préparaient une manifestation de protestation. Ils prévoyaient violence et incendie de voitures. J’ai vu tout de suite que ce projet ne correspondait pas à mon choix de vie et j’ai proposé à mes copains l’envoi d’une lettre à la direction de l’école. Nous y demanderions ce qu’ils pensaient obtenir par la violence. Avec certains d’entre eux nous l’avons fait et avons remis la lettre au directeur. »

« Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu »

À notre époque, ne serait-il pas particulièrement urgent de privilégier, malgré les différences, le dialogue et la rencontre entre personnes et groupes tentés par la violence ? Ainsi pourrait-on découvrir la variété et la richesse de ce qui reste si souvent cause d’opposition.

Comme le disait récemment le pape François (2), la paix se construit dans les différences ; c’est à partir de ces différences que l’on apprend des autres, comme frères ; nous avons un Père, nous sommes frères ; et, si nous discutons entre nous, que ce soit comme des frères, qui se réconcilient tout de suite et se retrouvent toujours frères.

Engageons-nous à faire grandir cette paix et cette fraternité. Nous contribuerons ainsi à la guérison des fractures et des conflits qui les traversent.

 

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(1) D’après Chiara LUBICH, Diffondere la pace, (Répandre la paix) Città Nuova, 25, [1981], 2, pp. 42-43.

(2) Cf. Salut du pape François, rencontre avec les chefs religieux du Myanmar, 28 novembre 2017.

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