Parole de Vie - mars 2023

Paul écrit à la communauté d’Éphèse, où il avait vécu, évangélisé et baptisé. Il se trouve probablement à Rome, en prison, en l’an 62 environ, dans une situation de souffrance, et pourtant il écrit à ces chrétiens, non pas tant pour résoudre les problèmes de la communauté, que pour leur annoncer la beauté du plan de Dieu pour l’Église naissante.

Il rappelle aux Éphésiens que, par le don de la foi et du baptême, de « ténèbres » qu’ils étaient, ils sont devenus « lumière » et les encourage à en vivre. Pour Paul, il s’agit d’un cheminement, d’une croissance continuelle dans la connaissance de Dieu et de sa volonté d’amour. Il veut donc les exhorter à vivre dans leur vie quotidienne selon l’appel qu’ils ont reçu : être « imitateurs du Père » comme ses « enfants bien-aimés » : saints, miséricordieux.

« Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité »

Nous aussi, chrétiens du XXIe siècle, sommes appelés à « être lumière ». Comment marcher dans l’espérance, malgré les ténèbres et les incertitudes ?

Paul continue à nous encourager : c’est la Parole de Dieu vécue qui nous éclaire et nous permet d’être « des sources de lumière dans le monde » (1) pour cette humanité perdue.

« En tant qu’autre Christ, chaque homme et chaque femme peuvent apporter leur contribution […] dans tous les domaines de l’activité humaine : sciences, arts, politique. […] La Parole de Jésus, lorsque nous l’accueillons, nous rend toujours plus conformes à ses pensées, à ses sentiments, à son enseignement. Elle éclaire chacune de nos activités, elle redresse et corrige chaque expression de notre vie […]. L’homme ancien (2) en nous ne demande qu’à se replier sur lui-même, cultiver ses propres intérêts, oublier ceux qui nous entourent, rester indifférent au bien commun. Ravivons donc en notre cœur la flamme de l’amour. Elle nous donnera des yeux neufs pour regarder autour de nous. » (3)

« Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité »

La lumière de l’Évangile, vécue par les individus et les communautés, apporte l’espérance et renforce les liens sociaux, même lorsque des calamités comme le Covid provoquent la douleur et aggravent la pauvreté.

Aux Philippines, comme le raconte Jun, au plus fort de la pandémie, une communauté a été dévastée par un incendie et de nombreuses familles ont tout perdu : « Nous sommes pauvres, mais ma femme Flor et moi avions un fort désir d’aider. J’ai partagé cette situation avec le groupe de motards auquel j’appartiens, qui eux aussi en souffraient. Nous avons collecté des boîtes de sardines, des spaghettis, du riz et d’autres aliments pour les victimes des incendies. Souvent, ma femme et moi sommes découragés à l’idée de ce que l’avenir nous réserve, mais nous nous rappelons la phrase de l’Évangile qui dit : “Qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera”. (4) Nous ne sommes pas riches, mais nous croyons que nous avons toujours quelque chose à partager par amour pour Jésus dans l’autre, et cet amour nous pousse à donner sincèrement et à faire confiance à l’amour de Dieu. »

Il s’agit donc de se laisser éclairer au plus profond du cœur. Les bons fruits de ce parcours – bonté, justice et vérité – sont agréables aux yeux du Seigneur et deviennent un témoignage de la vie de l’Évangile, plus que tout discours.

Et n’oublions pas le soutien que nous recevons de tous ceux avec qui nous partageons ce saint voyage qu’est la vie. Le bien que nous recevons, le pardon mutuel que nous éprouvons, le partage des biens matériels et spirituels que nous pouvons vivre : tout cela est une aide précieuse qui nous ouvre à l’espérance et fait de nous des témoins.

Jésus a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à  la fin des temps. » (5)  Lui, le Ressuscité, source de notre vie chrétienne, est toujours avec nous dans la prière commune et l’amour réciproque, pour réchauffer notre cœur et éclairer notre esprit.

---

(1) Ph 2,15

(2) Ep 4,22

(3) D’après Chiara Lubich, Parole de vie, septembre 2005 ; cf. Parole di Vita, (éd.) Fabio Ciardi, Città Nuova, Rome 2017, p. 760.

(4) Mc 8,35

(5) Mt 28,20