« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi »
La lettre, dont est tirée cette Parole de Vie, est considérée comme une sorte de testament spirituel de Paul. En prison à Rome, attendant sa condamnation, l’apôtre écrit à Timothée, son jeune disciple et collaborateur chargé de la communauté complexe d’Éphèse.
L'écrit contient des recommandations, des conseils adressés à Timothée, mais il s'adresse à chaque membre de la communauté chrétienne d'hier et d'aujourd'hui. Enchaîné à cause de sa prédication de l’Évangile, Paul veut encourager le disciple, effrayé par la persécution, à affronter les épreuves afin qu’il reste un guide sûr pour la communauté.
Il n'est ni dans la nature de Paul ni dans celle de Timothée de souffrir à cause de l'Évangile, mais ce témoignage est possible parce qu'il repose sur la puissance de Dieu.
« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi »
Paul veut témoigner de l'Évangile. Si les aptitudes du témoin interviennent dans le ministère de la Parole, il est clair que les dons de l’Esprit en garantissent la puissance. La charité, placée entre la force et la maîtrise de soi, semble jouer un rôle de discernement. La maîtrise de soi exprime le fait d'être sage et prêt devant toute situation. Timothée, comme les disciples de tous les temps, peut annoncer l'Évangile avec force, charité et maîtrise de soi, jusqu'à souffrir pour l'Évangile.
« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi »
Nous aussi, nous avons été tentés de nous décourager en vivant et en témoignant de la parole de Dieu, ne sachant pas comment faire face à certaines situations.
Chiara Lubich nous aide à comprendre où puiser des forces dans ces moments : « Nous devons faire appel à la présence de Jésus en nous. Notre attitude ne consistera donc pas à nous bloquer, en restant passivement résignés. Il s’agira d’oser nous lancer, de nous faire un avec ce que Dieu nous demande, d’affronter les devoirs de notre vocation, en comptant sur la grâce de Jésus qui est en nous. Oser nous lancer. Ce sera Jésus lui-même qui développera toujours plus en nous ces vertus dont nous avons besoin pour lui rendre témoignage dans le domaine d’activité qui nous a été confié (1). »
« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi »
Force, charité et maîtrise de soi, trois vertus de l'Esprit qui s'obtiennent par la prière et l'exercice de la foi.
Justin Nari, prêtre originaire de la République centrafricaine, était menacé de mort ainsi que ses confrères et un millier de musulmans qui cherchaient à échapper aux représailles de la guerre et s’étaient réfugiés à l'église. Plusieurs fois, les chefs de la milice qui les assiégeaient lui avaient demandé une reddition mais il continuait à dialoguer en permanence avec eux pour éviter un massacre.
Un jour, ils se présentèrent avec quarante litres d'essence et menacèrent de brûler vifs les musulmans s'il ne les leur remettait pas. « Avec mes confrères, j'ai célébré la dernière messe, raconte Justin, et là, je me suis souvenu de Chiara Lubich. Qu'aurait-elle fait à ma place ? Elle serait restée et aurait donné sa vie. Et c'est ce que nous avons décidé de faire. » Après la messe, un appel téléphonique inattendu : l'armée de l'Union africaine passait dans la région, dans une ville voisine. Justin courut à leur rencontre et ensemble ils retournèrent à la paroisse : il restait treize minutes avant l'expiration de l'ultimatum, treize minutes qui sauvèrent la vie de tous sans effusion de sang (2).
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(1) Chiara LUBICH, Parole de vie, octobre 1986.
(2) D’après Unità è il nome della pace: La strategia di Chiara Lubich, Città Nuova, Rome 2020, p.29-30.